La vanille : épice aux mille saveurs | Vanille Désiré

La vanille : épice aux mille saveurs

La vanille est l’une des épices les plus prisées au monde, issue du fruit d’une orchidée tropicale grimpante originaire d’Amérique centrale[2][6]. Sa culture et sa préparation demandent un travail long et minutieux, ce qui en fait, au poids, l’une des épices les plus précieuses sur le marché mondial[2] (souvent citée comme la seconde épice la plus chère après le safran). Son arôme doux et envoûtant est omniprésent en cuisine, surtout dans les desserts, mais la vanille cache bien d’autres richesses à travers son histoire, sa botanique, ses variétés et même ses bienfaits.

Origines et histoire de la vanille

Des civilisations précolombiennes à la conquête espagnole

L’usage de la vanille remonte aux peuples mésoaméricains. Les Mayas puis les Aztèques parfumèrent une boisson épaisse à base de cacao avec des gousses de vanille[2]. Chez les Aztèques, cette boisson aromatisée, réservée aux nobles et guerriers, était appelée xocoatl, littéralement « eau amère », ancêtre du chocolat aromatisé[2]. La vanille elle-même était nommée tlilxochitl en nahuatl, signifiant « fleur noire » en référence à la couleur sombre de la gousse une fois séchée[2].

Selon la légende totonaque (peuple de l’actuel Veracruz, Mexique), la vanille serait née d’une tragédie amoureuse : la princesse Tzacopontziza et son amant, le prince Zkatan-Oxga, surpris par les prêtres, furent décapités, et de leur sang versé naquit la liane de vanille enlaçant un vigoureux arbuste – xanat, « la fleur cachée », en totonaque[2]. Cette légende poétique illustre l’attachement précolombien à cette orchidée grimpante aux fleurs pâles.

Les Espagnols découvrent la vanille lors de la conquête du Mexique au XVIe siècle. En 1519, lors de son arrivée à Tenochtitlan, le conquistador Hernán Cortés est reçu par l’empereur aztèque Moctezuma II, qui le régale d’une boisson cacaotée parfumée à la vanille[2]. Fascinés, les Espagnols rapportent en Europe ces « gousses noires » aux parfums nouveaux. En 1605, le botaniste Charles de L’Écluse publie la première description de la vanille en Europe, la nommant Lobus oblongus aromaticus[2]. Durant plus de deux siècles, le Mexique resta le seul producteur de vanille au monde[2], car toutes les tentatives de cultiver la plante hors de son habitat échouèrent. En effet, on ignorait alors que seuls certains insectes pollinisateurs natifs du Mexique permettaient la fécondation naturelle de la vanille[2]. Ainsi, jusqu’au XIXe siècle, l’empire espagnol – via les Totonaques – détenait le monopole de la production de vanille, et cette épice rare devint très prisée dans les cours royales européennes, notamment celle de France où le roi Louis XIV tenta en vain d’acclimater le vanillier à l’île Bourbon (La Réunion)[2].

Naissance de la vanille Bourbon et découverte de la pollinisation artificielle

Le tournant décisif de l’histoire de la vanille survient à l’île Bourbon (ancien nom de La Réunion) au XIXe siècle. Des pieds de vanillier ont été introduits sur l’île en 1819 depuis les colonies françaises[2], mais pendant des années, ils fleurissent sans donner de fruits faute de pollinisation naturelle. C’est en 1841 qu’un jeune esclave réunionnais de 12 ans, Edmond Albius, découvre le procédé manuel de pollinisation de la vanille[3]. En frottant délicatement, à l’aide d’une fine tige, le pollen des organes mâles de la fleur sur le pistil femelle, Albius réussit à féconder la fleur[2]. Cette méthode simple et efficace – pratiquée à l’aube sur chaque fleur éphémère – est encore utilisée de nos jours partout où la vanille est cultivée[2].

La découverte d’Albius révolutionna la culture de la vanille : en quelques années, l’île Bourbon devint le premier centre vanillier mondial[2]. Dès 1848, La Réunion exporte ses premières gousses, et la production explose : 267 kg en 1853, plus de 3 tonnes en 1858[2]. À la fin du XIXe siècle, la vanille rapporte autant à l’île que le sucre, avec près de 200 tonnes annuelles exportées en 1898[2]. Le terme « vanille Bourbon » s’impose alors pour désigner la vanille issue de l’océan Indien (Réunion, Madagascar, Comores), en hommage au berceau réunionnais de ce savoir-faire. En 1848, lors de l’abolition de l’esclavage, Edmond reçoit le nom de famille Albius en référence à la couleur blanche (alba) de la fleur de vanille[2]. Ironie du sort, parce qu’il était un enfant esclave, la paternité de sa découverte fut contestée à l’époque par un botaniste jaloux, mais ses défenseurs rétablirent la vérité[3]. Malgré son invention qui fit la fortune de l’industrie vanillière, Edmond Albius ne reçut aucune richesse en retour et mourut dans la pauvreté en 1880[1]. Son héritage perdure néanmoins dans chaque fleur de vanille fécondée à la main à travers le monde.

De Madagascar au reste du monde

À partir des années 1880, la culture de la vanille s’étend à Madagascar. Des planteurs réunionnais introduisent le vanillier sur la côte nord-est malgache (région de Sava, autour d’Antalaha et Sambava) où le climat humide est idéal[2]. L’essor est fulgurant : Madagascar dépasse rapidement La Réunion en production, atteignant plus de 1 000 tonnes dès 1929[2][7]. Au XXe siècle, Madagascar s’affirme comme le premier producteur mondial, fournissant selon les années entre 60 % et 80 % de la vanille mondiale[2]. Le label vanille Bourbon s’applique à la vanille planifolia produite à Madagascar, à La Réunion ou aux Comores, ces territoires ayant même formé en 1964 une « Alliance de la vanille » pour protéger l’appellation Bourbon face à la concurrence des arômes synthétiques[2].

D’autres régions tropicales développèrent aussi la vanille : les Comores et Mayotte (océan Indien), qui fournissent une vanille Bourbon recherchée, Tahiti en Polynésie française (avec sa variété spécifique), l’Indonésie (devenue un temps deuxième producteur mondial), l’Ouganda, l’Inde (notamment l’État du Kerala), la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Tonga, etc.[2]. Historiquement, le Mexique a continué à produire de la vanille de manière plus modeste, misant sur la qualité aromatique unique de sa vanille ancestrale[2]. Aujourd’hui, la production mondiale de vanille naturelle transformée tourne autour de 1 200 à 2 000 tonnes par an selon les estimations[2]. Cette production reste vulnérable aux aléas climatiques – par exemple, des cyclones majeurs à Madagascar en 2000 ont fait flamber les prix – et elle subit la compétition accrue de la vanilline de synthèse fabriquée industriellement depuis la fin du XIXe siècle[2][7].

La plante et le savoir-faire de culture

Vanilla planifolia, principale espèce cultivée pour la vanille, est une liane tropicale de la famille des orchidées. En milieu naturel, elle grimpe sur les arbres en sous-bois humide et peut atteindre plus de 10 m de long[2]. Ses feuilles vertes, épaisses et lustrées, alternent le long de la tige et peuvent mesurer 10 à 15 cm[2]. À chaque nœud, la plante émet des racines aériennes lui permettant de s’accrocher à son support. Les fleurs de vanille, d’un blanc jaunâtre délicat, éclosent en grappes à l’aisselle des feuilles. Chacune ne fleurit qu’un seul matin et fane en quelques heures si elle n’est pas fécondée[2]. Dans son habitat d’origine (Mexique), la pollinisation est assurée par des abeilles et colibris spécifiques. Ailleurs, l’intervention humaine est indispensable pour obtenir des fruits[2].

Illustration botanique de Vanilla planifolia (Köhler, 1890)
Illustration botanique de Vanilla planifolia (Köhler, 1890) – On y voit la liane fleurie (A) et le détail de la fleur : la structure de la colonne et de la languette (rostellum) qui sépare les organes mâle et femelle. La fécondation manuelle consiste à relever cette languette et à placer le pollen sur le stigmate pour permettre la formation du fruit.

En culture, le vanillier est souvent bouturé et planté soit en sous-bois (sur troncs d’arbres tuteurs), soit en cultures intercalaires (ex : entre des cannes à sucre), soit sous ombrières artificielles[2]. Il lui faut une chaleur humide constante, de l’ombre et un tuteur. Les cultivateurs palissent la liane (la replient régulièrement) afin que les futures gousses se développent à hauteur d’homme pour la récolte[2]. Lorsque la liane fleurit, un travail d’orfèvre commence : chaque matin, à la fraîche, les ouvriers (souvent des ouvrières) parcourent les vanilleraies pour polliniser manuellement fleur par fleur, en imitant le geste inventé par Edmond Albius. Une fine aiguille ou épine sert à soulever le rostellum (la membrane au cœur de la fleur) et à mettre en contact le pollen avec le stigmate, en exerçant une légère pression du pouce[2]. Ce geste doit être répété sur des centaines de fleurs chaque jour pendant la brève saison de floraison, ce qui explique en partie la rareté et le coût élevé de la vanille.

Une fois fécondée, la fleur se transforme en une longue gousse verte (techniquement une capsule) qui met 6 à 9 mois à mûrir. Les gousses sont récoltées encore vertes à maturité (juste avant qu’elles ne jaunissent et s’ouvrent d’elles-mêmes) afin d’entamer le processus de préparation qui révélera l’arôme. La préparation traditionnelle comprend plusieurs étapes : l’échaudage (immersion brève des gousses dans l’eau chaude) ou l’exposition au soleil pour provoquer une mort cellulaire du fruit, suivis de l’étuvage (repos des gousses dans des couvertures ou caisses fermées, où elles « suent » et brunissent), puis le séchage étalé sur plusieurs semaines, et enfin l’affinage en malles durant plusieurs mois[2]. C’est pendant ces phases que la vanille développe sa couleur brun noir, sa souplesse huileuse et surtout son arôme caractéristique – principalement grâce à la transformation de précurseurs en vanilline et en des centaines d’autres composés aromatiques.

Au terme de la préparation, on procède au tri et au calibrage. Les plus belles gousses, grasses, bien formées et intactes, sont classées en vanille noire Gourmet (pour usage culinaire direct). Les gousses fendues ou un peu plus sèches, souvent plus riches en vanilline, sont classées en vanille rouge ou vanille d’extraction, destinées à la fabrication d’extraits et arômes naturels[4]. Chaque gousse de vanille aboutie est le fruit d’un long labeur artisanal, souvent familial, qui explique que la vanille naturelle soit un produit si cher et si précieux.

Gousses de vanille vertes juste récoltées (Vanilla planifolia)
Gousses de vanille vertes juste récoltées (Vanilla planifolia) – Elles doivent encore subir un long processus de séchage et affinage pour devenir ces bâtonnets noirs et aromatiques connus sous le nom de gousses de vanille.

Principales variétés de vanille et profils aromatiques

Il existe une centaine d’espèces de vanille (genre Vanilla), mais seulement trois sont cultivées à grande échelle pour l’aromatisation : Vanilla planifolia, Vanilla × tahitensis et Vanilla pompona. Chacune a ses particularités botaniques, aromatiques et géographiques :

Vanille Bourbon (Vanilla planifolia)

C’est la variété la plus répandue, originaire du Mexique mais aujourd’hui cultivée surtout à Madagascar, aux Comores, à La Réunion (d’où son nom Bourbon) ainsi que dans de nombreux pays tropicaux. Elle produit des gousses relativement longues (15-25 cm) et minces. Son arôme est riche en vanilline, ce qui lui confère un profil chaud, rond, légèrement boisé et cacaoté, avec parfois des touches florales. Les terroirs influencent la saveur : par exemple, les gousses de Madagascar peuvent offrir des notes de rhum-raisin, tandis que celles du Mexique ont des nuances cacaotées ou de pruneaux séchés[4]. La vanille planifolia Bourbon est polyvalente et s’emploie aussi bien en pâtisserie (crèmes, gâteaux, glaces) que dans les boissons et même certains mets salés.

Vanille de Tahiti (Vanilla × tahitensis)

Issue d’un hybride naturel entre V. planifolia et V. odorata apparu vers 1848 en Polynésie[4], la vanille tahitienne est une variété rare (moins de 1 % de la production mondiale) cultivée principalement en Polynésie française et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les gousses tahitiennes sont plus courtes, larges et charnues que les Bourbon, avec une teneur en vanilline plus faible. Leur profil aromatique est tout autre : dominé par l’alcool anisique, donnant des notes très florales et anisées, légèrement balsamiques, avec des touches d’amande amère et de fève tonka[4]. La vanille de Tahiti dégage un parfum suave et exotique, idéal pour parfumer des desserts délicats (salades de fruits, crèmes, cocktails) où sa finesse peut s’exprimer, sans chercher l’intensité vanillée classique.

Vanille Pompona (Vanilla pompona)

Parfois appelée vanillon ou vanille banane, cette espèce originaire des Caraïbes et d’Amérique du Sud produit les gousses les plus grandes (jusqu’à 25 cm) et les plus épaisses[4]. Moins connue du grand public, la vanille pompona dégage un parfum atypique, aux notes douces, musquées et fruitées avec de forts accents de coumarine (rappelant l’odeur du foin coupé)[4]. On peut y déceler des touches de tabac frais et de réglisse en infusion[4]. Du fait de sa production très limitée et de son arôme particulier, la pompona a été traditionnellement utilisée surtout en parfumerie de luxe[4]. Elle commence toutefois à trouver sa place en gastronomie pour des préparations originales (infusions, rhums arrangés, desserts chocolatés auxquels elle apporte de la rondeur). Sa présence reste confidentielle comparée aux deux autres variétés.

Usages culinaires et dérivés de la vanille

Dans la cuisine et les boissons

La vanille est avant tout une épice star des desserts. Ses arômes doux et sucrés subliment les crèmes anglaises, flans, crèmes glacées (la fameuse glace vanille), pâtisseries (biscuits, cakes, macarons), entremets et autres gourmandises. Elle s’accorde particulièrement bien avec le chocolat – mariage hérité des Aztèques – mais aussi avec les fruits (elle exalte la saveur des fraises, des poires, de la mangue…), le café, le caramel ou la cannelle.

Dans les boissons, la vanille parfume nombre de liqueurs et cocktails. Le rhum arrangé à la vanille de Madagascar est très apprécié, de même que certaines bières artisanales ou vins doux infusés à la vanille. Les sodas à la vanille (comme le cola vanille) et bien sûr la vanille dans le chocolat chaud sont d’autres déclinaisons populaires.

Plus rarement, la vanille intervient en cuisine salée pour des plats sophistiqués : par exemple une sauce vanillée pour accompagner des crustacés (noix de Saint-Jacques à la vanille), une purée de patates douces à la vanille avec un poisson, ou un magret de canard sauce vanille. Utilisée en toute petite quantité, elle apporte un fond aromatique original sans dominer.

La forme la plus pure d’utilisation est la gousse entière : on la fend dans la longueur et on racle les grains noirs qu’elle contient (ce sont des milliers de petites graines enrobées de pulpe vanillée). Ces graines et la pulpe sont incorporées dans les préparations, tandis que la gousse vide peut infuser dans un liquide (lait, crème…) pour en extraire les arômes, ou être placée dans un sucre pour le parfumer. La gousse séchée peut même être moulue en poudre.

Plusieurs produits dérivés facilitent l’emploi de la vanille : l’extrait de vanille (macération hydro-alcoolique de gousses) très utilisé en pâtisserie professionnelle, la poudre de vanille (gousse entière finement broyée une fois séchée), la pâte de vanille (concentré sirupeux de vanille contenant des grains), ou encore le sucre vanillé (sucre imprégné par des gousses). Ces produits permettent de doser l’arôme plus facilement ou de le diffuser uniformément.

Enfin, la vanille est prisée en aromathérapie et parfumerie. On la retrouve comme note de fond dans de nombreux parfums, bougies, huiles de massage et cosmétiques pour son parfum relaxant et aphrodisiaque. Il existe même de l’huile essentielle de vanille obtenue par macération/extraction, utilisée pour ses vertus apaisantes.

Vanille naturelle vs vanilline synthétique

Face au succès mondial de la vanille, l’industrie a depuis longtemps cherché des alternatives synthétiques. La vanilline – principal composé aromatique de la vanille – fut isolée au XIXe siècle et synthétisée dès 1874 par des chimistes allemands[2]. D’abord produite à partir de dérivés de résine de pin puis de clou de girofle (eugénol)[2], elle est aujourd’hui fabriquée massivement par voies pétrochimiques ou biotechnologiques (fermentation de résidus végétaux)[2]. La vanilline synthétique est chimiquement identique à celle de la gousse, ce qui permet de la vendre sous l’appellation trompeuse d’« arôme identique naturel »[2]. Son coût de production très bas a entraîné une diffusion énorme de l’« arôme vanille » industriel dans les aliments et parfums. On estime que la production mondiale de vanilline de synthèse atteint 12 000 à 15 000 tonnes par an, alors que toute la vanilline naturelle extrayable des gousses produites annuellement ne représenterait guère plus de 50 tonnes[2]. Autrement dit, plus de 99 % de l’arôme vanille utilisé dans le monde provient de la synthèse, non des orchidées.

La vanilline synthétique, si elle reproduit l’odeur de base, est toutefois incomplète comparée à l’extrait naturel de vanille, riche de centaines d’autres molécules aromatiques subtiles. Les grands chefs et les connaisseurs insistent sur la profondeur et la complexité incomparables de la vraie vanille. Pour le consommateur, la différence se niche aussi dans l’étiquetage : dans l’UE, seul le mot « arôme » indique souvent une vanilline artificielle, tandis que l’expression « extrait naturel de vanille » garantit un produit issu de gousses[2]. Les fabricants jouent parfois d’artifices en affichant des fleurs de vanille sur des produits qui n’en contiennent pas[2]. Ainsi, bien choisir sa vanille (gousse ou extrait pur) est crucial pour bénéficier de la véritable saveur de cette épice d’exception.

Bienfaits et usages santé de la vanille

Au-delà de ses qualités gustatives, la vanille possède des vertus intéressantes pour le bien-être. Son arôme aurait un effet apaisant sur le système nerveux. Des études ont montré que le parfum de vanille peut aider à réduire l’anxiété et favoriser la relaxation – d’où l’utilisation fréquente de la vanille en aromathérapie pour calmer le stress et les tensions[5]. Respirer son odeur douce agirait sur le système limbique (le « cerveau émotionnel ») en diminuant le cortisol, hormone du stress.

La vanille est également réputée pour son action sur le moral. Son parfum sucré stimulerait en effet la production de sérotonine, neurotransmetteur surnommé l’« hormone du bonheur ». Consommer de la vanille ou simplement en humer l’arôme pourrait ainsi contribuer à améliorer l’humeur et à réduire irritabilité et petits coups de déprime passagers[5]. C’est l’une des raisons pour lesquelles on conseille parfois une infusion de lait vanillé le soir : non seulement cela évoque des souvenirs d’enfance rassurants, mais cela aide le cerveau à se détendre en vue du sommeil.

Dans certaines pharmacopées traditionnelles, la vanille a été employée comme stimulant digestif et antispasmodique. Une gousse infusée dans une tisane ou un rhum était un remède “maison” contre les maux d’estomac ou les nausées. La science moderne confirme en partie ces usages : la vanille contient des composés antioxydants (notamment la vanilline) qui pourraient moduler légèrement les inflammations et soutenir la digestion[5]. Bien sûr, il ne s’agit pas d’un médicament miracle, mais intégrer de la vanille naturelle dans son alimentation est un plaisir qui peut aussi faire du bien au corps.

Sur le plan dermatologique, l’extrait de vanille possède des propriétés antibactériennes et antioxydantes intéressantes. En usage externe, on le retrouve dans des cosmétiques pour ses vertus protectrices et anti-âge (les antioxydants de la vanille aident à neutraliser les radicaux libres responsables du vieillissement de la peau[5]). Des masques maison à base de vanille, miel et huile végétale sont prisés pour nourrir et adoucir l’épiderme.

Enfin, la vanille bénéficie d’une aura d’aphrodisiaque doux dans l’imaginaire populaire. Son parfum voluptueux était déjà utilisé dans certaines potions d’amour. S’il agit, c’est sans doute en relaxant l’esprit et en évoquant des sensations gourmandes propices à la détente.

Extrait en résumé : sans être un superaliment au sens strict, la vanille naturelle de qualité apporte bien plus qu’un parfum agréable. Elle peut contribuer à notre bien-être mental (effet relaxant, amélioration de l’humeur) et offrir quelques bienfaits antioxydants et digestifs, le tout sans effet secondaire. Une raison de plus pour l’apprécier – avec modération, car elle reste un produit riche et précieux.

Conservation et préparation des gousses de vanille

Conservation des gousses : Les gousses de vanille sont sensibles à l’air et à la sécheresse. On les garde idéalement dans un récipient hermétique, à l’abri de la lumière, dans un endroit ni trop sec ni trop humide (éviter le réfrigérateur qui peut les faire moisir à cause de la condensation). Un tube en verre ou un bocal bien fermé fait l’affaire. On peut ajouter un petit morceau de papier sulfurisé légèrement humide dans le contenant pour maintenir une humidité adéquate et éviter que les gousses ne dessèchent trop vite. Bien conservées, des gousses peuvent se garder plusieurs mois en restant souples et parfumées.

Utilisation en cuisine : Pour exploiter une gousse, fendez-la sur toute la longueur avec un couteau fin, puis écartez-la pour racler l’intérieur avec le dos de la lame. Vous récupérerez ainsi des grains de vanille noirs très aromatiques mêlés à la pulpe. Ce caviar de vanille est ce qu’il y a de plus précieux – incorporez-le directement dans votre préparation (pâte, crème, appareil à flan, etc.). La gousse elle-même, ne la jetez pas ! Plongez-la dans le liquide de votre recette (lait, crème…) pour une infusion, même rapide, lors de la cuisson ou du repos : elle diffusera encore beaucoup de goût. Après usage, rincez et séchez la gousse, puis glissez-la dans votre pot de sucre : vous obtiendrez du sucre vanillé maison après quelques jours. Une gousse peut ainsi servir à parfumer plusieurs sucriers successifs.

Préparations maison : Avec quelques gousses, on peut réaliser son extrait de vanille maison : fendez 4 à 5 gousses et faites-les macérer au moins 2 mois dans 250 ml de vodka ou de rhum blanc (à 40°). Vous obtiendrez un extrait liquide ambré très parfumé, 100 % naturel. De même, on peut préparer de la poudre de vanille en faisant sécher complètement des gousses utilisées (au soleil ou au four doux), puis en les broyant finement : cette poudre parfume yaourts, smoothies, pâtisseries… Autre idée anti-gaspillage : si une gousse a un aspect un peu sec, réhydratez-la en la trempant dans un bol de lait tiède pendant 30 minutes avant de l’utiliser, elle retrouvera de la souplesse.

Erreurs à éviter : Ne pas chauffer trop fort ou trop longtemps la vanille, au risque de faire partir ses arômes volatils – préférez l’ajouter en fin de cuisson si possible, ou cuire à feu doux. Ne pas stocker les gousses au réfrigérateur (sauf très temporairement) ni au congélateur, car le froid brûle et assèche les gousses. Enfin, méfiez-vous des essences de vanille artificielles bon marché qui n’apportent qu’un goût mono-dimensionnel : mieux vaut utiliser une demi-gousse naturelle que quelques millilitres d’arôme artificiel pour un résultat authentique.

En conclusion, la vanille est bien plus qu’une saveur familière : c’est une orchidée tropicale au parcours fascinant, depuis les forêts mexicaines où les Totonaques la vénéraient, jusqu’aux plantations malgaches où des milliers de mains reproduisent chaque jour le geste d’Edmond Albius pour féconder ses fleurs. Épice de luxe par excellence, fruit d’un immense savoir-faire artisanal, la vanille a conquis le monde par son parfum enivrant aux multiples facettes. Qu’on l’apprécie dans une simple crème dessert, en parfum d’ambiance relaxant ou pour ses bienfaits apaisants, la “fleur noire” continue de tenir ses promesses d’évasion et de gourmandise, des siècles après que Cortés en rapporta l’arôme en Europe. Un véritable trésor botanique et culturel, dont chaque gousse renferme un peu d’histoire et beaucoup de plaisir.

Sources

  1. Laurent Decloitre, Libération – « En 1841, Edmond Albius découvre comment polliniser la vanille à la va-comme-je-te-gousse », 18 juillet 2023.
  2. Wikipédia (fr), article « Vanille » (consulté en 2024).
  3. Wikipédia (fr), article « Edmond Albius » (consulté en 2024).
  4. Norohy – Les différentes variétés de vanille (blog professionnel, consulté en 2024).
  5. Vamido – Les 7 bienfaits de la vanille que vous ignorez (consulté en 2024).
  6. Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) – Page « Vanille » (consulté en 2025).
  7. Épices Rœllinger – Une histoire de la vanille et de ses secrets (consulté en 2025).